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Interview Provence octobre 2023

Mon entretien dans la Provence

Député LFI de Marseille et auteur de “Le capital, c’est nous”, Hendrik Davi analyse la situation à gauche et sein des insoumis après les divisions sur la question du Hamas

Au sein d’une France insoumise (LFI) mise à mal pour ses positions ambiguës après l’attaque du Hamas contre Israël, la voix d’Hendrik Davi dénote. Le député de Marseille, biologiste passé par la CGT et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), ne craint pas, lui, d’utiliser le terme “terroriste”. Dans son livre Le capital, c’est nous, un manifeste pour “une justice sociale et écologique” qu’il vient de publier (Ed. Hors d’atteinte), il conclut son propos par une critique des divisions au cœur de La France insoumise, “un mouvement gazeux” et de la gauche.

“Le capital, c’est nous”, c’est une façon de refonder le marxisme et la gauche ?

Mon approche est de refonder les bases de la critique du capitalisme, en intégrant les acquis du marxisme et ce qu’il faut jeter. Les éléments antiracistes et féministes sont nouveaux. La problématique est de sortir du “travailler plus pour gagner plus, consommer plus et polluer plus”. L’objectif est d’arriver à une société plus écologique et sociale. À la fin, je reviens sur la Nupes, LFI et le Printemps marseillais et je vais plus loin. J’imagine ce qui peut se passer si on gagne dans un rassemblement à gauche en 2027.

Ce qui, à la lumière des divisions sur le traitement de l’attaque du Hamas, semble de moins en moins possible…

Les désaccords semblent profonds et la frustration est immense. Sur la stratégie d’ensemble, on est capables d’avoir des accords. On a vu, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, qu’on était d’accord, au sein de la Nupes, sur la critique du Hamas et sur la nécessité d’un cessez-le-feu. Mais les points de division ne sont pas mineurs.

Comprenez-vous que certains d’entre vous n’entendent pas le terme “terroriste” ?

Moi j’utilise le terme d’attaque terroriste. Je n’ai pas de problème avec ça. Le problème, c’est que quand on qualifie quelqu’un de terroriste comme on l’a fait avec Daech, c’est pour l’éliminer. Mais ce n’est pas si évident. Les talibans et Al-Qaeda n’ont finalement pas été éliminés par la guerre contre le terrorisme en Afghanistan. Il faut donc des solutions politiques. Mais je ne comprends pas qu’on n’utilise pas ce terme.

Cette crise n’est-elle pas faite exprès, au sein de LFI, pour faire exploser la Nupes et servir une autre stratégie en vue de 2027 ?

J’ai entendu cette théorie, mais je ne connais pas tous les tenants et les aboutissants. Il y a eu une stratégie de tension dès le départ de la Nupes avec le PCF. Aujourd’hui, quand le socialiste Jérôme Guedj dit que les insoumis sont les idiots utiles du Hamas, il ajoute à cette stratégie qui n’est pas raisonnable. Le vrai risque de la division à gauche, c’est la victoire du Rassemblement national en 2027 face à un macronisme fragile, où plusieurs candidats émergeraient. Les gens sont en colère et elle est mauvaise conseillère.

Les insoumis aussi s’expriment avec colère…

La Nupes n’est pas obligée d’hurler pour se faire entendre. Elle a plus besoin de rassurer sur nos profils politiques. On peut dire des choses assez fortes sans hystériser les débats. La Nupes est l’assurance-vie de la gauche. Mais le rassemblement doit parler aux Français. Il faudra aussi trouver une mécanique pour un candidat. Soit via un consensus, soit par une primaire. Après, peu importe le candidat. Il est une condition nécessaire, mais pas suffisante. On a vu que le PS a choisi de ne pas enterrer hier soir la Nupes. Il en connaît le prix. La Nupes a soulevé un immense espoir dans une partie de la gauche au moins. Enfin, on avait la bonne recette et un équilibre tout en rompant avec Hollande. Il nous reste à trouver la façon de reconstruire. On n’est pas au bout du film. S’il y a victoire de Bardella et de Maréchal aux Européennes, on cherchera une issue ensemble.

Jean-Luc Mélenchon est-il devenu le problème de la Nupes ?

Il est toujours difficile de tuer le père. Concernant la place de Jean-Luc dans la Nupes, on n’a pas trouvé la bonne équation. Son rôle a été prépondérant et on lui doit beaucoup. Pour les militants, il est la référence. Trois élections présidentielles et un score de 22% pèsent. La présidentielle est une élection extrêmement conservatrice. Les clés sont aussi dans ses mains. On aurait intérêt à ce que le ou la candidat(e) désigné(e) soit soutenu par Jean-Luc.

 

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