L’heure de l’alternative
Les mouvements sociaux du printemps 2018 des cheminots, des étudiants ou sur la ZAD de NDDL, l’affaire Bénalla et maintenant le mouvement des gilets jaunes ont affaibli le pouvoir macroniste. Celui-ci était certes dès le départ fragile. Dès août 2017, j’écrivais « Macron est un colosse au pied d’argile. Il a réussi à unifier ceux qui défendent encore le système et à drainer un peu plus largement en jouant sur le renouvellement. Mais, il ne dispose pas de l’hégémonie idéologique. Le peuple français est toujours largement hostile aux politiques néolibérales (Macron + Fillon = 44% des exprimés) ». L’arrogance de Macron, la verticalité du pouvoir qu’il exerce, associée à de nombreuses erreurs politiques que l’on peut mettre sur le compte de son inexpérience, ont conduit à une crise politique majeure. La Vème République est néanmoins un régime profondément anti-démocratique, ce qui lui confère une stabilité que n’aurait pas à envier les régimes autocratiques. De plus, le mouvement des gilets jaunes n’a pas mis en mouvement toutes les catégories de la population. Un mouvement plus large encore serait éventuellement de nature à casser ce qu’il reste d’ambition à ce gouvernement. Il serait aussi le meilleur moyen de préparer l’alternative politique dont nous allons parler dans la suite.
Néanmoins, la question de l’alternative à la politique macroniste se pose dès maintenant. Il semble que ni la droite traditionnelle, ni la gauche sociale-démocrate ne soit en mesure de constituer une alternative. L’une comme l’autre semble au contraire poursuivre leurs chutes interminables. Évidemment, l’oligarchie politique et médiatique qui domine le pays peut essayer de faire émerger un Macron de gauche comme Raphaël Glucksmann ou ressortir Nicolas Sarkozy du placard. Mais rien n’indique qu’un remplaçant soit prêt à temps, d’autant plus que le pouvoir peut se retrouver contraint à organiser des élections législatives anticipées, si la situation sociale continue à se tendre. Sur l’échiquier politique, il n’existe à ce jour que deux alternatives crédibles pour remplacer Macron, le Rassemblement National (RN) et la France Insoumise (FI). Dans un nouveau face à face entre Marine le Pen et Emmanuel Macron, nous ne sommes pas assurés d’éviter la droite extrême. Pour éviter ce scénario cauchemardesque que vivent actuellement les Brésiliens, il nous faut construire un bloc majoritaire alternatif. Évidemment, on pourrait imaginer un coup de Trafalgar et gagner une présidentielle dans un face à face avec le RN en s’épargnant la recherche d’une majorité. Mais ce type de pari est risqué, car nous l’avons vu avec 20% des voix au premier tour, la possibilité d’être au second se joue sur un coup de dé. De plus, une victoire sans réelle majorité rendrait le pays, mais c’est aussi valable pour une ville, ingouvernable. Appliquer le programme de l’Avenir en commun s’il obtient moins de 20% d’approbation lors d’un premier tour n’est pas souhaitable. Afin de construire cette alternative, il nous faut comprendre le moment politique et analyser les forces sociales susceptibles de composer cette majorité.
Effondrements et moment populiste
Ce n’est pas le lieu ici de discuter du bien-fondé des prophéties d’effondrement global ou des fondements théoriques du populisme de gauche qu’a popularisé Chantal Mouffe. Plus modestement, je dirais que nous vivons une période de crises ou de multiples effondrements locaux, écologiques, économiques, géopolitiques et par voie de conséquence politiques, sont possibles. La crise écologique, la crise financière de 2008, l’accroissement des inégalités et la guerre contre le terrorisme ont généré un climat politique global différent de la période précédente. Dans le même temps, le néolibéralisme s’est imposé partout dans le monde comme la doxa des classes dominantes. Mais ce néolibéralisme est en panne d’imaginaires collectifs et ce pour plusieurs raisons. D’abord, il contribue à laisser sur le bord du chemin de la société de consommation une fraction importante de la population mondiale. D’autre part, le risque d’effondrement écologique et l’absence de grande innovation mobilisatrice ont entamé la foi dans le marché triomphant. Par ailleurs, le néolibéralisme a contribué à dénaturer le sens du travail par un management agressif qui génère beaucoup de souffrances. Le démantèlement des services publics renforce cette sensation de déclin sans fin de nos sociétés.
Cette crise idéologique engendre une crise de la représentation. Le temps des alternances convenues entre une droite libérale et une gauche sociale-démocrate semble derrière nous. Les partis politiques ne sont pas les seuls touchés par cette crise de la représentation. La perte de confiance et de repères s’étend largement : syndicats, associations, médias, intellectuels et mêmes les associations…Cette situation d’affaiblissement généralisé des corps intermédiaires est une des raisons du moment populiste que nous vivons. Les victoires respectives de Victor Orban en Hongrie (2010 et 2014), du parti Droit et Justice en Pologne (2015), de Donald Trump aux USA (2016), du mouvement Cinq Etoiles et de la Ligue du Nord en Italie (2018) et enfin de Bolsonaro au Brésil (2018) sont autant de jalons dans la progression du populisme de droite dans le monde.
D’un point de vue social, ces nouveaux populismes s’appuient sur les classes moyennes déclassées et fédèrent autour des questions identitaires, la peur des étrangers, la critique des élites et de la corruption. Dans certains cas, elles mènent une politique néolibérale, dans d’autres cas elles se revendiquent plus d’un capitalisme national. Par bien des aspects, ces nouveaux monstres politiques rappellent plus les dictatures militaires de l’après-guerre (Espagne, Portugal, Grèce et dans quasi tous les pays d’Amérique Latine) que les mouvements fascistes de l’entre-deux guerres. Cependant ces mouvements semblent pour l’instant s’accommoder du multipartisme et de la démocratie libérale. Ils participent donc plus d’un durcissement global du capitalisme avec violence policière et ségrégation raciste, que d’un basculement brutal dans un univers fasciste. D’un autre côté, la répression des mouvements sociaux par les partis de pouvoir plus traditionnels de Hollande à Macron en passant hélas par Tsipras rend poreuse la démarcation entre parti du système et pouvoir populiste.
Le populisme de gauche est-il une solution au moment populiste ?
Disons-le d’emblée, si je partage avec Chantal Mouffe la caractérisation du moment comme populiste, je ne partage pas certaines des solutions tactiques proposées comme conséquences de ces analyses. Commençons d’abord par rappeler que la perte d’hégémonie des classes dominantes et le recours à des gouvernements autoritaires de type fasciste ou militaire est loin d’être nouveau. Le bonapartisme en a été un des premiers rejetons, bien analysé par Marx dans son ouvrage sur les luttes de classe en France. Schématiquement, ces pouvoirs populistes unifient derrière le grand capital, les classes moyennes (petits commerçants, artisans et travailleurs indépendants) en cours de déclassement et une partie des ouvriers en mobilisant des affects liés à l’identité. La diversité du peuple et les contradictions qui le traversent sont effacés derrière une communauté d’intérêts qu’est censée incarner la nation.
Le populisme de gauche part à mon avis d’un renoncement. Il ne serait plus possible de construire une contre-hégémonie à partir d’idées émancipatrices et d’une base sociale plurielle en mettant en mouvement les corps intermédiaires déjà présents dans la société. Par conséquent, pour contrer le populisme de droite, il faudrait promouvoir un populisme de gauche qui mette aussi en exergue l’opposition entre l’élite et le peuple, mais en mobilisant des passions égalitaires et non pas les passions identitaires comme le populisme de droite. Le tournant de gauche qu’a connu de l’Amérique Latine semble valider cette hypothèse avec Hugo Chavez, Evo Morales ou de Rafael Correa. Cette stratégie est un raccourci tentant pour prendre le pouvoir dans une course de vitesse avec les populismes de droite.
Néanmoins, elle pose plusieurs problèmes. Le premier est que l’unification imaginaire du peuple autour d’intérêts communs face à l’oligarchie peut conduire à la négation des oppressions spécifiques de genre, de classe ou de race. Elle risque ainsi de nous désarmer idéologiquement face à la montée des racismes, de l’homophobie ou du sexisme. Le second est de faire l’impasse entre les différentes contradictions sociales au sein des classes populaires. Les intérêts matériels et les aspirations d’un fonctionnaire, d’un intérimaire dans les travaux publics, d’un sans papier, d’un petit commerçant ou d’un architecte ne sont pas les mêmes. Cette impasse risque de sous-estimer l’effort programmatique pour réunifier toutes ces attentes diverses dans un horizon commun. Le troisième problème est de dédouaner le capital national de ses responsabilités. Enfin, une fois au pouvoir, l’absence de relais de la société civile rend difficile la mise en mouvement du peuple dans sa diversité dans une direction commune. Or l’auto-organisation pérenne du peuple et l’existence de contre-pouvoirs est une condition de la réussite d’une transformation sociale et écologique d’ampleur. Nous y reviendrons.
Ces objections sont avant tout théoriques, mais elles sont validées en grande partie par les faits. En Amérique latine d’abord. Le paradoxe est que le populisme de gauche a du succès en Europe précisément au moment où il a montré ses limites en Amérique latine, là où il a été expérimenté. Ces régimes ont incontestablement réduit la pauvreté et la démarche constituante qu’ils ont initié a largement inspirée toutes les gauches. Évidemment, l’impérialisme états-unien et la baisse des cours des matières premières ont contribué à la chute ou au durcissement autoritaire de ces régimes, mais une analyse de leurs échecs est particulièrement utile à la lumière de nos débats. Dans tous ces pays et quelle que soit la force des mouvements sociaux avant les victoires électorales, absents au Venezuela, assez structurés en Bolivie et en Équateur, les régimes populistes de gauche ont instrumentalisé les mouvements sociaux et ont été confrontés à des mobilisations qui les ont déstabilisés (Aguiton, 2017). Chavez a essayé d’impulser par en haut un mouvement populaire et des coopératives. Mais ce mouvement n’a jamais été indépendant du pouvoir et a rapidement été miné par la corruption. Ces mouvements, en dépit de programme écologique ambitieux, n’ont pas su sortir du modèle extrativiste et notamment de la rente pétrolière. Enfin, le césarisme politique qui faisait reposer l’incarnation de l’alternative sur le charisme d’un chef a montré ces limites tant à la succession de Chavez qu’à celle de Correa.
En Europe, Podemos est la force qui a le plus importé le modèle du populisme de gauche. Néanmoins, ses choix récents d’alliance avec Izquierda Unida et de soutien au gouvernement de coalition avec le PSOE[1] indiquent une réorientation stratégique. Le Bloco au Portugal expérimente lui aussi une voie différente de soutien à un gouvernement de gauche. La progression du PTB belge, ancien parti d’extrême gauche, où la percée de Quebec Solidaire, front syndical et politique de gauche, le virage à gauche du Labour sous la direction de Jeremy Corbyn, la présence d’authentiques socialistes dans les rangs des congressistes élus en tant que Démocrates montrent que les réponses de gauche au moment populiste sont en fait d’une très grande diversité.
Comment s’orienter : élargissement du mouvement et construction de l’alternative politique
La première étape est de bien distinguer le mouvement social dans sa diversité qui contribue au rapport de force d’ensemble et prépare les alternatives concrètes de demain, des coalitions politiques susceptibles à un moment ou à un autre de gagner des élections générales. Même s’il y a des vases communicants, il existe une relative autonomie des champs politiques, syndicaux et de la société civile qu’il ne faut pas perdre de vue[2]. Pour préparer une transition écologique et sociale d’ampleur dans un climat d’affrontement potentiellement violent avec les classes dominantes, il faudra une auto-organisation forte des classes populaires. Mais une auto-organisation durable de la société ne correspond pas à une AG permanente, qu’elle se déroule en amphis ou sur un rond-point. Ces expériences initiées lors des mouvements de masse sont d’une valeur inestimable, mais elles ne constituent pas l’ossature d’une société civile structurée et vivante. Celle-ci est composée essentiellement de syndicats et d’associations qui sont autant de sédiments des mouvements passés. Le mouvement des gilets jaunes se traduira d’une manière ou d’une autre par une structure. Mais celle-ci ne sera peut-être pas politique. Dans ce contexte, agir dans la bonne direction c’est commencer par respecter l’autonomie des mouvements, associations et syndicats, favoriser leur dynamisme et leur démocratisation. Respecter la société civile dans sa diversité, c’est aussi respecter la liberté d’expression, notamment des médias alternatifs, même quand ils expriment des opinions qui nous déplaisent…
Pour faire reculer durablement le néolibéralisme, il faut une convergence de ces mouvements aussi large que possible associant le mouvement féministe, antiraciste, les banlieues, les gilets jaunes, les syndicats et les associations environnementales. Lors des mouvements de l’automne 2018 nous avons eu par la base un début de convergence de ce type : à Marseille par exemple, quand les manifestations de gilets jaunes, rejoignaient celles du climat, des syndicats et des habitants de Noailles… Pour battre Macron, il faut tirer les leçons des réussites des gilets jaunes : manifestations à répétition non bornées dans le temps et occupation de lieux. Cette stratégie de démultiplication des lieux d’action a même mis en difficulté l’appareil de répression qui a montré ses limites. Pour aller plus loin, il est probable qu’il faudra démultiplier les assemblées citoyennes sur les lieux de travail et d’habitation. Mais une telle dynamique ne se décrète pas. Les gilets jaunes ont néanmoins une certaine légitimité à lancer un tel mouvement. Enfin, nous ne gagnerons pas sans un mouvement de grève massif sur les lieux de travail.
Venons-en à la stratégique électorale. Comment élargir la base électorale de la FI qui s’est plutôt réduite depuis la présidentielle ? Tout d’abord, il faut contribuer à lever un verrou marqueur du moment populiste : regagner la confiance dans la représentation politique. Comprendre que la période est « dégagiste » est une chose, favoriser le sentiment « dégagiste » en est une autre. Le risque est de rapidement se faire dégager soit même. Nous l’avons vu la crise de la représentation vient de loin. Nous ne pouvons donc que contrecarrer aux marges celle-ci. Une des mesures est d’appliquer aux mouvements politiques les préceptes démocratiques que l’on défend pour une 6ème république. Démocratie à tous les étages : transparence dans l’attribution des fonctions et dans la gestion des finances, rotation des mandats, révocabilité des élus.
Ensuite, il faut définir la majorité sociale et la majorité d’idées que l’on veut constituer. A cet effet, je défends l’analyse que faisait Poulantzas de la constitution d’un bloc social[3]. Schématiquement, nous voulons associer ce qu’il nommait à l’époque l’ancienne (petit commerçants, artisans) et la nouvelle petite bourgeoisie (fonctionnaire et travailleur du tertiaire), la classe ouvrière et les agriculteurs sur un programme que je qualifierais d’écosocialiste. Le fait que les revendications des gilets jaunes recoupent à 70% le programme de l’avenir en commun, indique que la synthèse à laquelle nous avons abouti en 2017 est un excellent point de départ. Notons que dans la période, la conscience écologiste a beaucoup progressé, y compris paradoxalement chez les gilets jaunes au cours de leur mobilisation.
Le problème est de savoir comment on gère les 30% qui restent…et notamment la question de l’immigration et des identités. J’ai l’impression que le populisme de gauche vise à rassembler surtout les couches les plus populaires (classe ouvrière) et l’ancienne petite bourgeoisie en éludant la question migratoire. En tout cas en essayant de ne pas en faire un point de clivage… Il me semble que cette façon de voir les choses tend à sous-estimer la force des idéologies de droite qui ont par ailleurs ont été toujours prégnantes dans les classes populaires. L’usage des boucs émissaires est aussi vieux que l’humanité. Le racisme est structurant dans la société française. Par conséquent, l’extrême droite saura toujours agiter ces passions tristes pour devancer la gauche. Nous pouvons compter sur les classes dominantes pour l’y aider par le biais des médias qu’elles dominent. Cet état de fait explique probablement pourquoi le FN a le double des intentions de vote aux européennes que la FI. Probablement, une des seules possibilités pour un mouvement populiste de gauche d’arriver au pouvoir est de renoncer à combattre le racisme et de mener une politique répressive vis-à-vis de l’immigration, bref de faire la politique du Mouvement 5 étoiles.
Il me semble qu’une autre alternative est possible. La somme Hamon et Mélenchon fait près de 25% en 2017. Les citoyens qui ont voté pour ces deux candidats rassemblent assez largement les classes populaires et la « nouvelle petite bourgeoisie » qui se reconnaissent dans la gauche et ne sont pas trop empoisonnés par le nationalisme ou le racisme. Or ce score est suffisant après un premier tour pour entraîner le reste des classes populaires, les abstentionnistes et même les électeurs du Rassemblement national, dans un vote utile de second tour pour combattre le néolibéralisme. Dans ce contexte, un combat idéologique intransigeant contre le racisme est absolument nécessaire pour limiter l’hémorragie des classes populaires vers l’extrême droite. Une solution passerait donc d’abord par un rassemblement du peuple de gauche préalable pour ensuite largement fédérer le peuple. Évidemment un rassemblement de la gauche n’équivaut pas forcement à un rassemblement des différentes composantes de la gauche du NPA aux Hamonistes, qui hélas utilisent une partie de leur énergie à déstabiliser la FI. Ce rassemblement du peuple de gauche pourrait se faire avec comme centre de gravité le programme social et écologiste de l’avenir en commun.
Rassembler le peuple de gauche ne se décrète pas par en haut. Mais la force politique qui se donne comme objectif de le faire se doit de respecter le pluralisme des points de vue au sein de la gauche sur les migrations, les oppressions spécifiques, la souveraineté ou le caractère plus ou moins centralisé du pouvoir.
La composition de la liste FI aux européennes et surtout l’excellent choix de la tête de liste est un exemple de ce qu’il est souhaitable de faire[4]. Des listes citoyennes larges aux municipales initiées par la FI seraient le prolongement naturel d’une telle stratégie. Néanmoins, cette stratégie de la FI mise en œuvre depuis les amphis d’été est parasitée par une autre stratégie plus en adéquation avec le populisme de gauche. A mon sens, il est peu probable que cette stratégie bicéphale soit tenable longtemps. Avec ou sans gilets jaunes la sortie de route est alors possible.
[1] https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/10/12/en-espagne-le-gouvernement-socialiste-s-allie-avec-podemos-pour-presenter-le-budget_5368430_3214.html
[2] https://www.contretemps.eu/parti-et-mouvement-depasser-capitalisme/
[3] Les classes sociales dans le capitalisme aujourd’hui. Poulantzas. 1974
[4] Cette élection et les clivages existants sur la question européenne depuis la victoire du NON ne permettait pas de profiter de cette élection pour forger une alliance plus large.