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Non aux économies sur le dos des universités !

L’université va encore faire les frais de la politique d’austérité décidée à Bercy. En effet, le 1er septembre, Sylvie Retailleau a annoncé aux présidents d’université qu’ils allaient devoir puiser dans les fonds de roulement de leurs établissements pour financer les mesures sur le pouvoir d’achat annoncées en juin (hausse du point d’indice et prime de pouvoir d’achat), les universités faisant partie des opérateurs ciblés par Bercy pour faire des économies. Le coût de ces mesures s’élèverait à 130 millions d’euros pour 2023 pour l’ensemble des universités et avoisinerait les 400 millions en 2024 pour l’ensemble de la recherche et de l’enseignement supérieur. Cette mesure inquiète les établissements qui ne pourront plus faire face aux impondérables et ne pourront plus investir. C’est le cas par exemple de la rénovation des bâtiments : si le financement est décidé des années à l’avance, nombreux sont les surcoûts qui s’ajoutent en cours de route. Loin d’être de « l’argent qui dort », les fonds de roulement sont là pour absorber des dépenses non anticipées et les projets d’envergure. Ils n’ont pas vocation à financer des mesures gouvernementales, sauf à voir se dégrader l’accueil et la formation des étudiants et à voir disparaître les investissements dans les infrastructures de recherche.

Emmanuel Macron, lors de son interview au Youtubeur Hugo Travers le 4 septembre, a annoncé qu’il fallait « avoir le courage de revoir nos formations » qui « ne diplôment quasiment pas ». Je ne connais pas de formation ne diplômant pas !  À l’heure où le manque de places dans l’enseignement supérieur n’a jamais été aussi criant (en juillet près de 10 % des candidats inscrits sur Parcoursup étaient toujours sans proposition de formation), la priorité du Président est par contre d’en fermer.  Selon lui, les universités « n’ont pas de problèmes de moyens ». Or le Conseil d’analyse économique a pourtant publié dès 2021 une étude qui établissait un sous-financement structurel de l’enseignement supérieur depuis les années 2010 : la preuve, la dépense par étudiant a baissé de près de 10 % et le taux d’encadrement est passé d’un enseignant pour 38 étudiants en 2012 à 1 pour 47 en 2019.

Sylvie Retailleau, lors de sa conférence de presse de rentrée, a renchéri, souhaitant « réfléchir au modèle économique des universités »: augmentation des frais d’inscription des diplômes nationaux, recours au mécénat et aux appels à projets européens… Cette position s’inscrit dans le processus d’autonomie et de transformation du paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche. Or c’est ce processus néolibéral qui a échoué à améliorer significativement la réussite en licence, que le Président dit aujourd’hui vouloir améliorer. 

Le manque de moyens dans les universités publiques conduit à l’explosion du nombre d’étudiants dans le privé : +77% entre 1998 et 2018. Face à l’augmentation du nombre de formations dans l’enseignement supérieur privé, dont certaines ont des pratiques douteuses, Sylvie Retailleau a annoncé vendredi dernier la création d’un label pour apporter plus de « transparence » aux étudiants, basé sur des critères comme l’ « acquisition de compétences transversales », la « stabilité de la gouvernance » d’un établissement, la « transparence sur les conditions d’admission et sur les droits d’inscription ». Ces bonnes intentions ne s’attaquent pas aux enjeux de fond. Label ou pas, l’essor du privé est le résultat du manque croissant de places dans l’enseignement supérieur public. Tant que ce problème-là ne sera pas résolu, certaines formations privées n’auront pas besoin de label pour continuer d’attirer des étudiants malgré une offre chère et très peu qualitative.

Enfin, la réforme des bourses est une nouvelle fois renvoyée aux calendes grecques. La ministre souhaite « apporter des modifications structurelles », sans préciser le contenu, ni même l’échéance. Pourtant l’urgence est là. Je rappelle que la précarité étudiante augmente, le coût moyen de la rentrée de 2023 connaît une augmentation historique, devant s’élever à 3 024,49 euros selon les syndicats étudiants, « poussée » par une hausse de 8,88 % des frais de vie courante. Selon une étude menée auprès de 4 000 étudiants par l’association Linkee, 56 % d’entre eux avouent ne pas manger à leur faim. Enfin, à la crise du logement étudiant chronique, s’ajoute la précarité résidentielle dans les résidences universitaires, dénoncée par la fondation Abbé Pierre. Aucune annonce sur ce sujet…

 

Hendrik DAVI, député LFI-NUPES de la 5ème circonscription des Bouches-du-Rhône

hendrik.davi@assemblee-nationale.fr

Contact presse Maeva.santamaria@clb-an.fr , 06 64 55 28 80

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