Tribune initialement parue dans Libération le 28 août 2024
Plus que jamais notre monde est instable. L’agression russe en Ukraine se poursuit. La réponse de l’État d’Israël aux attaques terroristes du 7 octobre risque de se traduire par un génocide à Gaza et menace la stabilité de toute la région. Les tensions économiques entre les USA et la Chine sont grandissantes. Le capitalisme financier est par ailleurs incapable de résorber les inégalités qui minent nos sociétés. Les 1% des plus riches possèdent 50% des richesses. Le productivisme auquel il conduit réchauffe la planète. Nous n’avons jamais émis autant de CO2 du fait de la combustion des énergies fossiles. Enfin, nous atteignons les limites écologiques de notre planète et la dynamique d’extinction de la biodiversité doit être stoppée au plus vite.
Cette situation de crise chronique du capitalisme génère durablement une instabilité politique dans tous les régimes, y compris les plus démocratiques. En Europe, nous sommes dans une situation de tripartition entre un bloc de gauche, un centre-droit et l’extrême droite. Les élections de juin dernier provoquées par Emmanuel Macron ont été un sursaut, qui a permis d’éviter le pire : l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.
Nous devons être lucides. L’extrême droite est une force néofasciste qui menace partout les libertés publiques, le droit des femmes et des minorités. En général, l’extrême droite arrivée au pouvoir augmente les inégalités, fait régresser les droits des travailleurs et mène une politique écocide comme ce fut le cas au Brésil avec Bolsonaro et aujourd’hui en Argentine.
Entre les deux tours de l’élection législative, un front uni a semblé se reconstituer pour éviter l’arrivée au pouvoir du RN en France. C’était une bonne nouvelle, qui a permis au bloc de gauche d’arriver en tête au second tour reléguant le bloc d’extrême droite en troisième position. Tous les démocrates auraient dû être heureux de ce sursis.
Malheureusement, le président Emmanuel Macron et les parlementaires du centre et de la droite continuent de jouer avec le feu. Il aurait dû nommer Lucie Castets Première Ministre et laisser le bloc de gauche arrivé en tête, tenter de trouver des majorités, texte par texte. Au contraire, le président a préféré en réalité s’aligner sur l’extrême droite qui a dès le début signifié qu’elle censurerait tout gouvernement de gauche. Mais en agissant ainsi, il choisit d’être l’otage du rassemblement national jusqu’à la prochaine dissolution. En effet, le gouvernement choisi mènera une politique d’austérité contraire au programme du NFP, sinon il n’aura pas le soutien de la droite. Ce gouvernement sera donc légitimement censuré par tous les groupes parlementaires de gauche. Il ne devra sa stabilité qu’à la « non censure » de la part des députés du RN. Et évidemment, le RN va tout de suite jouer de cette position de force et exiger une politique encore plus raciste pour justifier de ne pas censurer le gouvernement. Ces dirigeants l’ont déjà signifié. Ils exigent un référendum sur l’immigration.
Emmanuel Macron est condamné à poursuivre la fuite en avant avec le RN dans les bagages, qu’il avait déjà bien entamée avec la loi immigration. Or cette politique austéritaire et raciste renforce le RN. Emmanuel Macron creuse le tombeau politique du centre et de la droite.
La rue doit réagir
Le Nouveau Front Populaire (NFP) a fait émerger un immense espoir. Il a su rester uni en dépit des difficultés. Nous avons une candidate au poste de premier ministre avec Lucie Castets. Elle n’a pas démérité, nous avons donc une porte-parole légitime du NFP.
Nous devons d’une part renforcer partout le NFP en constituant des comités de bases quartier par quartier et d’autre part avec les syndicats et les associations nous devons organiser une riposte massive dans la rue et dans les entreprises. Cela commencera le 7 septembre avec les organisations de jeunesse, mais cela doit s’élargir très rapidement avec, si les syndicats le décident, des mouvements de grève. Si la rue ne réagit pas maintenant, à terme le pouvoir passera dans les mains de l’extrême droite.
Hendrik Davi, Député de la 5ème circonscription des Bouches du Rhône