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La gauche doit préparer 2027 maintenant !

La gauche doit préparer 2027 maintenant !

Note de blog initialement parue dans Médiapart le 20 novembre 2024

Une issue plausible est la démission du Président de la République et des élections législatives suivant cette démission. La menace de censure du RN redonne à cette hypothèse de la crédibilité. 2027 pourrait bien arriver en 2025 ou 2026. La gauche doit se préparer maintenant.

Le revirement du Rassemblement National, qui menace de censurer finalement le gouvernement sur le vote du budget, confirme qu’Emmanuel Macron et son premier ministre sont bien l’otage de l’extrême droite[1].

Par ailleurs, nous le voyons bien, il n’y a actuellement pas de majorité politique dans le pays. Il est très peu probable que des élections législatives anticipées, qu’elles qu’en soient les modalités, scrutins majoritaires ou proportionnels, changent la donne[2]. Cette absence de majorité claire est un fait européen, il n’y a de majorité ni en Allemagne ni aux Pays Bas.

La seule issue possible est donc la démission du Président de la République et des élections législatives suivant cette démission. La menace du RN redonne à cette hypothèse de la crédibilité. 2027 pourrait bien arriver en 2025 ou 2026. Solutionner la crise politique actuelle par une élection présidentielle n’est pas le meilleur scénario, tant la vie politique française souffre de la place prépondérante de ce scrutin. Mais hélas c’est le plus probable.

La gauche ne doit pas être naïve. Elle doit se mettre au plus vite en ordre de bataille, pour éviter d’être prise au dépourvu. Pour cela, il faut se mettre d’accord sur une stratégie, un candidat et un programme.

La nécessité d’un candidat commun du NFP

 Commençons par la stratégie. Les rapports de force sont les suivants. Il existe trois blocs politiques incompatibles les uns avec les autres. Le bloc d’extrême droite représente 40%, il est en dynamique. Le bloc de gauche cumule 30%, il est stable. Le bloc de centre-droite est passé en dessous des 30%, il baisse élection après élection. Pour être au second tour, il faut savoir rassembler son camp. Évidemment, on peut espérer une division du camp marconiste et de la droite. Mais nous l’avons vu avec Macron, les grandes fortunes possèdent de nombreux médias et ont la capacité à imposer un candidat du « bloc bourgeois ». Une autre possibilité est un basculement en règle de ce bloc du côté de l’extrême droite. La victoire de Trump aux USA rend ce scénario crédible. Dans tous les cas, une victoire de l’extrême droite est probable si la gauche échoue à se rassembler. Pour être au second tour, le NFP doit avoir un candidat commun à la prochaine élection présidentielle.

Un programme de rupture écologique et sociale

 En Europe et dans le monde la gauche a gouverné à de nombreuses reprises. Mais elle a accompagné la mise en œuvre de l’agenda néolibéral pensé par l’école de Chicago et dont premiers avatars étaient Pinochet, Reagan et Thatcher. Nous en connaissons les recettes : libéralisation de l’économie, multiplication des traités de libre-échange, restauration des taux de profits en limitant les impôts sur les sociétés et les cotisations sociales, explosion de la sous-traitance et des délocalisations et privatisation des services publics. En Hongrie, la gauche sociale-démocrate a mis en œuvre cette politique, avec à la clé Orban au pouvoir depuis. Blair et Schröder ont organisé le démantèlement du droit du travail, Brexit et montée de l’AFD. En France aussi Mitterrand et Jospin ont accompagné les privatisations dont celle tragique de France Telecom.

Mais le peuple de gauche s’est mobilisé en masse à partir de 1995. Une gauche critique antilibérale et écologiste s’est construite année après année, notamment au travers d’ATTAC, de syndicats comme Solidaires, la CGT et la FSU et des percées électorales de l’extrême gauche (LO, LCR) ou des Verts. De cette gauche critique est née le Front de gauche avec le PCF et les 11,1% de Jean-Luc Mélenchon en 2012. Les programmes de l’Humain d’abord et de l’Avenir en commun ont donné une base solide pour des politiques alternatives à gauche. Les scores de LFI en 2017 et 2022 confirment que le peuple de gauche souhaite une rupture avec la gestion de Hollande.

Les programmes de la NUPES et du NFP ont démontré que ces deux gauches étaient enfin réconciliables sur un programme de rupture à la fois ambitieux socialement et écologiquement. A mon avis, la défaite cinglante de Kamala Harris et les difficultés du SPD en Allemagne confirment qu’une gauche qui ne s’attaque pas aux inégalités et aux faibles salaires a peu de chances de battre l’extrême droite.

La conclusion est simple : nous ne devons pas changer le centre de gravité de notre programme, mais l’enrichir de nos victoires à l’Assemblée Nationale et des revendications des syndicats.

Comment désigner un candidat ?

 Reste le plus difficile : comment désigner un candidat commun ? Si Jean Luc Mélenchon et François Hollande déclarent leurs candidatures, les écologistes et les communistes auront la leur et nous voguerons vers l’échec une fois de plus comme en 2017 et en 2022. Nous devons donc trouver ensemble un dispositif qui permettent de désigner un candidat commun.

Il existe la méthode « Castets », nous mettons les dirigeants de gauche dans une chambre, jusqu’à ce qu’il trouve un nom. Une solution évidente est alors Lucie Castets elle-même.

Une autre méthode est de demander au peuple de gauche de trancher. LFI refuse une primaire ouverte. Mais si l’on propose à tous les citoyens de gauche l’adhésion directe au Nouveau Front Populaire, cela devient un vote interne au NFP. Nous pouvons récolter des moyens pour la campagne, créer une dynamique avec des comités NFP sur tout le territoire et départager les différents protagonistes. Cela contraint ces derniers à accepter le programme du NFP et le cadre politique du NFP en le liant à un accord unitaire aux législatives. On pourrait aussi trancher entre les différentes personnalités : Mélenchon, Bompard, Autain, Ruffin, Roussel, Castets, Tondelier, Rousseau, Vallaud ou Faure.

Comment éviter que les classes populaires soient exclues du choix, comme le remarque justement LFI ? Sociologiquement et empiriquement, c’est un risque incontestable. Mais on pourrait faire une campagne en direction des quartiers populaires, justement pour les mobiliser. LFI pourrait contribuer à cette campagne pour les inclure. Nous pouvons imaginer des dispositifs de vote qui permettent d’éviter ce type de biais.

Alors la seule question qui se pose maintenant : qu’attendons-nous ?

[1] https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/en-refusant-de-nommer-lucie-castets-macron-choisit-detre-lotage-du-rn-20240828_XHRLTFKLRBFE3OOXRFIAMUVD3E/?redirected=1

[2] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/08/31/face-au-blocage-politique-le-retour-du-debat-sur-la-proportionnelle_6300042_823448.html

Article complet sur https://blogs.mediapart.fr/hendrik-davi/blog/201124/la-gauche-doit-preparer-2027-maintenant

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