La COP22 s’est achevé alors même que la victoire de Trump semble avoir enterré le fameux « esprit de Paris ». Certes sa victoire n’arrange rien, mais elle ne doit pas être l’écran de fumée qui masque les limites de la COP21 qui demeurent après la COP22.
L’année 2016 est en passe de devenir l’année la plus chaude depuis que des températures sont mesurées à l’échelle du globe. Cet été une sécheresse exceptionnelle a sévi dans le sud de la France, en Espagne et au Portugal augmentant le nombre et l’intensité des incendies, alors que le nord de la France a connu une crue historique de la Seine ce printemps. Un article récent publié dans Science[1] a montré qu’une hausse de 2°C suffira à provoquer, en Méditerranée des changements d’écosystèmes à un niveau jamais connu depuis 10000 ans.
Dans ce contexte, la COP21 a certes suscité un espoir : enfin 175 pays ont reconnu le rôle des gaz à effet de serre (GES) et se sont donnés des objectifs quant à leur réduction. Mais rien ne contraint les Etats à mettre en œuvre les politiques permettant de les atteindre. De plus, ces mêmes objectifs sont insuffisants pour rester en dessous du seuil des 2°C d’augmentation moyenne des températures du globe[2].
Pour stopper l’accroissement des GES dont la concentration dans l’atmosphère ne cesse d’augmenter, il faut diminuer nos émissions à l’échelle globale d’au moins 50% d’ici 2050 pour se maintenir en dessous des 2°C[3], et donc beaucoup plus en Europe et aux USA, pour respecter le principe de responsabilité partagée qui fait porter plus d’efforts aux pays qui ont le plus pollué par le passé. Or les gouvernements actuels et les dirigeants économiques sont incapables d’imaginer et mettre en place un monde sans énergie fossile comme le démontre le récent choix du gouvernement français de renoncer à taxer dès 2017 la production d’électricité à partir de charbon. Notre société de consommation et toutes nos infrastructures sont dopées à cette énergie facile. C’est pour cela que toutes les grandes initiatives internationales ne traitent pas du cœur du problème et sont avant tout des pétitions de principe à vocation communicationnelle.
Pour révolutionner nos modes de production et de consommation, il faut une volonté politique forte et des moyens d’actions économiques importants. Ce n’est pas avec une politique de l’offre à low cost, les bus diesels Macron ou un énième accord de libre-échange avec le Canada ou les USA, que nous limiterons le changement climatique. L’émission des GES doit être diminuée dans tous les secteurs, ce qui commence par économiser l’énergie partout où c’est possible. Dans l’agriculture, il faut diminuer les intrants en amont et le transport de marchandises en aval. Pour les déplacements locaux et régionaux, nous devons favoriser les transports collectifs en les rendant accessibles à toutes et tous. Nous devons promouvoir un urbanisme qui donne la priorité à la marche et au vélo dans nos quartiers et remette en cause l’étalement urbain. Les logements doivent être rénovés et mieux isolés. L’industrie doit économiser l’énergie et une relocalisation de l’économie permettant des circuits courts doit être mise en œuvre. Dans le domaine de l’énergie, nous devons sortir du tout nucléaire et développer les énergies renouvelables, en faisant le choix des plus adaptées à chaque territoire en particulier l’éolien et le solaire.
La société civile est déjà riche de ces solutions qui ne demandent que des investissements et des cadres démocratiques pour se développer. Mais pour mettre en place toutes ces mesures, susceptibles de résoudre aussi la crise sociale, une vraie révolution citoyenne est nécessaire pour sortir de l’impasse néolibérale. Il faut limiter le rôle des marchés pour relocaliser la production et donc revenir sur les traités européens et les accords de libre-échange. Nous devons aussi retrouver des moyens d’investissement, ce qui passe par la révision du statut de la Banque Centrale Européenne (BCE), et la fin des politiques d’austérité. Enfin, il faut une vraie planification pour entamer la nécessaire bifurcation écologique et investir massivement dans le service public de formation professionnelle, de recherche et d’enseignement supérieur indispensable pour cette transition, au lieu de dilapider l’argent du contribuable en exonérant d’impôts des entreprises polluantes par le biais du crédit Impôt Recherche. Le seul marché a démontré son incapacité à résoudre ces problèmes, le politique et le citoyen doivent reprendre la main. Nous ne pouvons pas faire confiance ni à ceux qui sont à l’origine du problème, notamment les grandes multinationales de l’énergie, ni à la bonne volonté de leurs actionnaires.
L’urgence n’est donc pas de rafistoler des accords mondiaux, mais d’agir concrètement aux différentes échelles locales, nationales et mondiales. Cela passe par une participation citoyenne active aux mouvements de résistances contre l’extractivisme, contre les grands projets inutiles ou pour le désinvestissement des énergies fossiles. Mais ces résistances ne suffiront pas. Nous devons aussi mettre en œuvre des politiques alternatives dans les communes, régions ou états.
Or, 2017 sera une année d’élections dans toute l’Europe et aussi une année de renégociation de tous les traités. Tous les candidats à la présidentielle et aux législatives doivent se saisir de ces questions et apporter des réponses pour mettre fin au bal des hypocrites. Soit accepter que l’accroissement des richesses d’une ultra minorité précipite les catastrophes sociales et naturelles à venir. Soit préparer une révolution sociale et écologiste disposée à s’attaquer aux intérêts des plus puissants. C’est parce que nous faisons le choix de cette dernière option que nous considérons la candidature de Jean-Luc Mélenchon comme la mieux à même d’y répondre.
Hendrik Davi (Chercheur en Ecologie, Militant à Ensemble !),
Jacques Stambouli (Chercheur en Economie, Militant à Ensemble !),
Martine Billard (secrétaire nationale à l’écologie du Parti de Gauche)
Corinne Morel Darleux (Militante au Parti de Gauche)
[1] http://science.sciencemag.org/content/354/6311/465.full.pdf+html
[2] Fawcett et al. (2015)
[3] http://leclimatchange.fr/attenuations-des-changements/