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Cours à distance dans les établissements d’enseignement supérieur

Question écrite n° 6912 à la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche

https://questions.assemblee-nationale.fr/q16/16-6912QE.htm

M. Hendrik Davi alerte Mme la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche sur l’illégalité de la bascule des cours en ligne dans les établissements d’enseignement supérieur à l’occasion de mouvements sociaux. La pandémie de la covid-19 a conduit à une banalisation abusive des cours en distanciel dans l’enseignement supérieur. Certains enseignants ou directeurs de département s’y résolvent fréquemment pour pallier le délabrement des campus et le manque de places pour les étudiants, mais aussi en cas de mouvements sociaux. En cette période de mobilisation contre la réforme des retraites, de nombreuses universités imposent à leurs étudiants un passage des cours en ligne les jours de grève intersyndicale. Non seulement cette pratique pose des problèmes politiques évidents puisqu’elle remet en cause le droit de grève et la liberté d’expression de la communauté universitaire, mais elle contribue également à la dégradation des conditions d’enseignement et au mal-être des étudiants, déjà durement frappés par la crise sociale actuelle, tant sont néfastes les effets du distanciel sur la santé mentale. En outre, le recours au distanciel par les établissements d’enseignement supérieur est une aberration juridique. Le seul cadre existant est la loi « Fioraso » de 2013, qui introduit à l’article 611-8 du code de l’éducation la possibilité de passer des cours en « format numérique » à condition que cela présente un intérêt pédagogique, qu’un accompagnement des étudiants et des enseignants soit assuré, que les modalités de cette décision soient arrêtées par les conseils académiques et prévues dans le contrat pluriannuel passé entre le ministère et l’université concernée. En ce qui concerne les licences et les masters, l’arrêté du 22 janvier 2014 fixant le cadre national des formations conduisant à la délivrance des diplômes nationaux de licence, de licence professionnelle et de master impose que tous les dispositifs pédagogiques, y compris le distanciel, soient soumis à l’avis du conseil de la composante et approuvés par la commission formation et vie universitaire (CFVU). La décision du recours au format numérique implique donc une procédure collégiale exigeante et non pas d’être laissée à la discrétion des présidents d’université, des responsables de formations ou des enseignants, comme cela se produit trop souvent depuis presque trois ans. Les étudiantes et les étudiants doivent être associés aux décisions de basculer des enseignements en distanciel, au nom du principe de participation des étudiants à la détermination de leurs conditions d’études, qui découle de l’inclusion des travailleurs dans la détermination collective des conditions de travail, consacrée par le huitième alinéa du Préambule de la Constitution de 1946. L’accord-cadre relatif à la mise en œuvre du télétravail dans la fonction publique, signé en juillet 2021 par le ministère de la fonction publique et les organisations syndicales représentatives, qui entérine les principes de volontariat, d’accord de l’administration et de réversibilité, n’a pas encore été décliné par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche à ce jour. Dans la version de travail finale de la circulaire d’application de cet accord-cadre, qui attend d’être signée par Mme la ministre, il est précisé que les activités d’enseignement ne relèvent pas du télétravail. Quand bien même il s’agirait là de télétravail, il est également précisé que la grève ne peut être considérée comme une circonstance exceptionnelle autorisant l’employeur à imposer le télétravail. La seule justification avancée par le ministère à ce jour tient dans le principe de la continuité de service public. Ce principe ne saurait pourtant s’imposer arbitrairement et en dehors des procédures existantes. De même, M. le député rappelle que l’autonomie des universités ne peut constituer une justification viable : l’une des fonctions du ministère est précisément de rappeler le cadre juridique et de proposer des orientations générales quand des pratiques problématiques se propagent dans l’enseignement supérieur, comme c’est actuellement le cas en matière d’enseignement à distance. Il lui demande donc pourquoi la légitime revendication de la communauté universitaire de réguler l’usage des cours à distance n’a pas été entendue à ce jour et pour quelles raisons est entretenue l’idée qu’il existe flou juridique sur ce sujet.

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